Le Yoga Nidra est une pratique de concentration, de méditation et de contemplation pratiquée en posture de Savasana (cadavre) qui ouvre la porte à ce que l’on pourrait appeler un « sommeil lucide ». Il se base sur des exercices de respiration et de visualisation et induit un état de relaxation profond.
Un processus aux multiples courants
La Yoga Nidra constitue une pratique hybride que l’on pourrait qualifier d’« état de conscience modifiée », née en Inde puis développée en Occident, imbibée des travaux sur la relaxation du début du XXe siècle et de psychologie des années 1970. La méthode la plus connue dite Satyananada se déroule selon un protocole strict et utilise le fameux « sankalpa » : une résolution personnelle formulée sous forme de phrase courte choisie par l’élève et qui lui permet de se rapprocher de ses aspirations. L’école Himalayan Institute, elle aussi basée sur l’éveil spirituel, travaille de façon plus libre, sans visualisation ni résolution mais par un travail exigeant de pranayama (souffle). Les deux autres courants, iRest et Rod Stryker, développés par les psychologues occidentaux sont plus axés sur le développement personnel et naviguent davantage sur le terrain du ressenti, des émotions et du monde intérieur.
A la recherche d’un espace liminal
« L’état que l’on cherche en yoga nidra n’est ni dans le passé ni dans le futur ni dans le présent » explique Philippe Beer-Gabel professeur de yoga nidra basé à Avignon. « Le principe est d’arriver à cet état entre éveil et sommeil avec une relaxation musculaire très importante ». Caroline qui pratique le Nidra depuis environ un an apprécie ce travail de lâcher prise du mental : « c’est vraiment l’esprit qui voyage et c’est très profond car on est à la recherche de la relaxation pure ». Grâce à des exercices comme la rotation de la conscience ou la visualisation d’images, les pratiquants peuvent explorer leur subconscient au bout de quelques séances. « On cherche à faire abstraction du corps pour se retrouver dans un niveau de conscience appelé Alpha, c’est-à-dire un état intermédiaire de méditation et de contemplation » précise Maya Gilchik professeure à Paris.
Une méditation guidée aux nombreux bienfaits
Pour Maya Gilchik, le Nidra a cela de complet qu’il travaille sur toutes les capacités mentales de l’être humain. « C’est une pratique qui permet de faire de l’ordre dans les pensées qui nous envahissent, de prendre du recul. C’est une pratique qui favorise la concentration, l’introspection et l’apprentissage en travaillant sur la mémoire ». Le Yoga Nidra est donc une forme de yoga particulièrement recommandée aux gens qui ont eu des traumas, ou qui font face à des problèmes d’endormissement voire à des insomnies fortes. « Dans ma pratique j’utilise le Yoga Nidra dès que je suis fatiguée ou dès que je sens que mon humeur risque de changer, ou parce que je suis inquiète à propos de quelque chose » ajoute Caroline. Au-delà de des bienfaits du nidra yoga, on estime même que la résolution (Sankalpa) aide à entamer de véritables changements de vie. Les pratiquants apprécient également cette pratique qui ne requiert aucun prérequis physique puisque les séances se déroulent en posture allongée sur le dos. Une alternative confortable à la posture de médiation assise classique qui peut gêner certains, ou pour les personnes qui ont des problèmes de dos. « Il suffit de suivre la voix qui vous guide, de rester à un certain niveau de conscience, et bien sûr, de ne pas s’endormir » précise Maya.
Avec la précieuse contribution de Jeanne Pouget