Loin d’être une simple sensibilité à la souffrance d’autrui, la compassion peut être une conduite d’action efficace et réparatrice, envers soi, les autres et la planète.
Par Ananda Ceballos
Les recherches actuelles en neurosciences montrent que la compassion serait enracinée dans les systèmes évolutifs du cerveau, mais aussi que nos systèmes neuronaux auraient évolué spécifiquement pour donner et recevoir de la gentillesse. Or, dans notre mode de vie actuel – axé sur des objectifs à atteindre et un certain individualisme – le thème de la compassion n’a pas toujours bonne presse… Souvent confondue avec l’apitoiement, la commisération ou l’angélisme naïf, la compassion est vue comme une mièvrerie qui relève plus du registre sentimental. Ni indulgence, ni faiblesse, oser la compassion implique en réalité un acte de courage pour s’ouvrir à la souffrance et rester émotionnellement connecté à elle.
S’ouvrir au monde
Après avoir vécu vingt-neuf ans sans conscience de la misère du monde, la curiosité mena le prince Siddartha Gautama (futur Bouddha) à quitter son palais le temps d’une nuit. Les scènes qu’il observa hors de sa demeure réveillèrent en lui le désir profond de comprendre la souffrance et de trouver le moyen de s’en libérer. Ce récit vise à montrer que nous pouvons décider soit de rester dans notre “bulle”, prisonniers de l’illusion d’être séparés du reste du monde et tentés de nier sa rudesse, soit d’en sortir. Le Yoga Sutra de Patanjali, texte de référence dans la pratique et l’enseignement du yoga contemporain, reprend à son tour la question de la compassion. Les enseignements du Buddha et de Patanjali s’accordent à dire que s’il n’est pas tout à fait possible de mettre fin à la douleur, les êtres humains peuvent apprendre à en déjouer les mécanismes et ainsi moduler leur manière d’y réagir.
Cultiver la compassion grâce au yoga
Certaines pratiques comme le yoga peuvent offrir à la compassion des conditions optimales pour s’épanouir. Contre l’idée reçue que le yoga et la méditation seraient des pratiques individualistes qui renforceraient un certain isolement et “centrage sur soi”, ces disciplines agissent comme un véritable antidote au peu de compassion qui caractérise les systèmes politiques et économiques actuels, centrés sur des valeurs de productivité et d’efficacité rationnels. Une pratique régulière de yoga permet d’activer des états psychologiques positifs, capables de nous libérer du déni, de la peur et de l’anxiété et stimule une chaleureuse expansivité de l’être qui nous met en connexion avec les autres.
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