Son énergie flamboyante, le rythme irrésistible de sa musique ont déhanché des millions de personnes autour du monde. Native du feu sagittaire, d’ascendance afro-américaine, Tina Turner a accomplit le rêve de beaucoup : être une artiste charismatique et reconnue, internationalement célèbre.
Par Céline Chadelat
En 1975, à trente-six ans, elle avait tout : argent, célébrité, reconnaissance. Et pourtant. Avec son mari, Ike Turner, drogué, alcoolique et violent qui est aussi son manager, elle vit l’enfer. Sortir de cette impasse se fera au prix d’une immense foi, un courage qui sort des tripes. Trois leçons pour s’inspirer de cette femme exceptionnelle.
A 36 ans, Tina Turner renonce à tout
Entre 1957 et 1975, la vie de Tina Turner est mouvementée. Si sur la scène, elle est adulée par le public, en coulisse, elle découvre la réalité de la violence conjugale. Elle est régulièrement battue et tombe dans la déprime. Elle ne trouve pas la force de se séparer de celui qui lui donna sa chance pour la première fois. En 1975, c’est l’initiation au Bouddhisme qui précipite son choix de quitter Ike Turner. Elle dira plus tard que « c’est sa foi bouddhiste qui lui a donné la force de quitter Ike ». Elle le quitte alors sans un sou un poche.
Il fallait du cran. Si Ike Tuner lui faisait subir le pire à huit clos, il était aussi son manager et l’artisan de son succès. Sur scène, ils formaient ensemble un duo de choc, électrisant des salles entières et gagnant des sommes étourdissantes. Il avait bouleversé sa vie en la hissant au rang de star tout en la marquant de la violence et de l’humiliation. Elle renonce à ses liens et coupe d’un seul coup d’épée le nœud douloureux qui la retenait prisonnière.
Elle doit se cacher chez quelques rares amis fidèles alors que son ex-mari la poursuit partout. En quittant Ike Turner, elle décide d’assumer le remboursement de tous les concerts inachevés. En acceptant de tout perdre, elle va remporter sa propre victoire intérieure.
A 40 ans, Tina Turner prend conscience de sa propre valeur
Tina Turner doit alors tout reprendre de zéro pour se faire sa place comme artiste solo. Il va lui falloir de l’endurance et de la persévérance et surtout y croire, elle qui n’est pas une enfant d’Hollywood mais vient de la campagne perdue du Tennessee. Pendant cette période, elle se concentre sur elle-même, pratique ses mantras avec assiduité et regagne de l’énergie. Elle s’éveille à sa richesse intérieure. Dans le milieu du show-biz, où l’on prend facilement son égo comme la seule réalité tangible, Tina Turner est lucide. “The sex image just isn’t me” dit-elle (sources: Jet, 1979) ce qui signifie que « l’image de sex-symbol n’est pas moi ». Elle ne s’identifie pas à ses actes. « Tu sais, c’est difficile pour beaucoup de gens de réaliser que le divertissement est une apparence » explique t-elle à un journaliste qui l’interroge en 1979. « C’est la même apparence que celui qui joue son rôle au théâtre. La seule différence est que cela n’est pas filmé. Tu es en train de chanter une histoire et tu deviens l’histoire de la chanson, et tout cela s’appelle le théâtre ». Le Bouddhisme parle de permanence et d’impermanence: le spectacle du monde est impermanent, c’est-à-dire que rien ne dure, mais la paix qui réside au fond de nous est durable, éternelle.
« La paix fait de toi une personne meilleure parce que tu n’es plus dans la réaction, tu n’argumentes plus, tu ne cries plus. Tu apprends à gérer les choses de manière diplomatique au lieu de prendre une « attitude » » (sources: Jet, 1979)
Ce détachement nourrit à la fois ses performances et l’inspire de manière positive. Son secret ? Elle s’astreint à une pratique spirituelle bouddhiste quotidienne (de l’école Nichiren Shoshu), le daimoku, récité 5 fois le matin et 3 fois le soir. C’est la formule « nam-myo-horenge-kyo » qui est récitée et qu’on retrouvera plus tard dans ses albums . Les pratiquants de cette école croient que tout est possible et réalisable à travers le diamoku. A mesure de sa pratique, elle se forge une foi et une confiance hors-norme qui va la porter et lui insuffler une tornade d’énergie alors qu’elle a déjà quarante ans. Peu après, en 1984, elle sort l’album “Private Dancer” qui comprend “What’s Love Got To Do With”, un succès planétaire. Sa démarche fait d’elle une pionnière de l’empowerment au féminin. Sa musique ressemble à un rugissement de victoire.
A 78 ans, Tina Tuner n’a pas simplement survécu, elle a triomphé.
“The Queen of Rock n’ Roll », c’est ainsi que Tina est désormais surnommée. Elle n’a plus rien a prouver. Sagesse, dévouement, professionnalisme, elle a mené sa carrière avec brio, a su relever les obstacles. En sachant dépasser les apparences, en protégeant son âme et en s’éveillant à la bienveillance inconditionnelle, elle n’est pas simplement devenue une des meilleures du Rock, elle a triomphé en tant que Femme avec un grand F, une femme dans toute sa noblesse. Tina Turner a réalisé son plein-potentiel. A 78 ans, même si elle s’est mise en retrait de la scène musicale avec sagesse, Tina Turner fait toujours preuve d’une énergie hallucinante avec quelque chose de plus. En regardant certaines photos, on voit qu’elle irradie de sérénité et de paix: The Queen. Depuis 2005, dédie son temps à semer des graines de compassion dans le monde.
Elle s’investit maintenant pour des causes très spécifiques et se met en service d’une musique de guérison avec son premier album “Beyond, de magnifiques chants bouddhistes. Ses récents albums prouvent son engagement humaniste.Sa musique n’a rien perdue de sa puissance. Le dernier album auquel elle a participé, « Love Within- Go To The Women Within”, sortie en 2014, est le fruit d’un travail collectif réunissant des femmes de cultures différentes au sein de la fondation Beyond. Un album d’hommage aux femmes et au « pouvoir féminin », à l’amour inconditionnel qui vit en chacun de nous, hommes et femmes. « Maintenant que je suis passée à une autre étape, sans mini-jupe, sans rouge à lèvre, je porte mon attention à aider et à encourager ce mouvement d’amour sur la planète, qui est beaucoup plus grand. Le but de la musique de « Love Within » est de permettre aux gens à trouver ce pourquoi ils sont nés. L’amour est à l’intérieur de nous tous. On peut apprendre à s’y connecter et comment l’utiliser. Puisse la fréquence de cette musique ouvrir vos cœurs, c’est mon souhait le plus profond », explique t-elle sur le site de la fondation Beyond. A travers cet album, la volonté des quatre chanteuses est de protéger les musiques du monde. Mais le but ultime est d’aider à nourrir les valeurs d’amour, de gentillesse, de compassion, de pardon et de tolérance. Rock on Tina !
Articlé écrit par Céline Chadelat et publié sur blog.capyoga.fr