Médecin, professeur de yoga depuis plus de 30 ans et fondateur de l’Institut de Yogathérapie à Paris, Lionel Coudron nous éclaire sur la façon dont la yogathérapie peut aider à soigner les traumas, notamment dans des cas spécifiques comme ceux liés à la vague d’attentats qu’ont connu la France et la Belgique ces derniers mois.
Propos recueillis par Jeanne Pouget
Esprit Yoga : Qu’est-ce que la yogathérapie et comment aide-t-elle à soigner les traumas ?
Lionel Coudron : C’est l’utilisation des outils du yoga et de l’esprit du yoga : on s’appuie sur les Yoga sutras vieilles de 2000 ans qui expliquent ce qu’est la souffrance humaine et comment y remédier. En yogathérapie on suit les élèves individuellement. On utilise les postures, les pranayamas, les méditations et les relaxations que l’on mêle à des outils de la thérapie comportementale et cognitive comme l’évaluation des sensations corporelles ou les pensées positives.
EY : Quels types de traumatismes la yogathérapie peut-elle particulièrement aider à soigner ?
LC : Elle permet de traiter les traumatismes psychiques comme l’anxio-dépression, les troubles de dépendance ou encore les troubles du sommeil. Il existe une forme particulière d’anxiété que l’on appelle ESPT (l’état de stress post traumatique), un choc émotionnel très violent qui fait suite à une situation de danger intense mettant l’intégrité de l’individu en jeu (ou celle d’un autre). Il y a aussi des traumas physiques et le yoga aide à la rééducation dans ces cas-là.
EY : Quels types de traumas traite-t-on le plus en yogathérapie ?
LC : Il n’existe pas tant de types de traumas que ça, mais on peut soigner tous les traumas psychiques ainsi que les séquelles des traumas physiques et les séquelles émotionnelles des traumas physiques.
EY : A quel point la yogathérapie peut-elle aider à trouver le chemin de la guérison ?
LC : Elle permet dans la majorité des cas de guérir totalement.
EY : Avez-vous un ou plusieurs exercices simples à partager avec nos lecteurs ?
LC : Observez ce que vous ressentez ici et maintenant dans votre corps. Dans quelle émotion êtes-vous ? Comment cela se traduit dans votre corps ? Avec quelles sensations ? Concentrez-vous là-dessus et respirez amplement en mettant les bras en V au-dessus de la tête pour contracter le corps comme un animal qui s’étire, et expirez en relâchant les tensions, en évaluant l’évolution. Le principe est de cheminer ainsi dans les sensations de son corps jusqu’à disparition des tensions pour être dans un état de fluidité.
EY : Vous avez suivi des cas de rescapés ou témoins des attentats du 13 novembre 2015. En quoi la yogathérapie peut-elle aider dans ce cas de figure précis ?
LC : La yogathérapie leur a permis de revenir à leur état antérieur, c’est-à-dire que ces personnes ont transformé leur relation à l’événement. En général, après un choc de ce type, l’état émotionnel conduit à penser que « l’on va mourir » ou que « il va y avoir des terroristes », non pas comme une possibilité mais comme une certitude. Leur cerveau leur a fait enregistrer la situation pour s’en protéger et déclencher automatiquement une réaction émotionnelle de peur et de fuite. Sauf que ce n’est plus d’actualité si vous êtes chez vous ou dans un lieu sûr. Désormais, ils sont à nouveau dans la confiance de l’ici et maintenant. Ils ne ruminent plus, ils redorment, ils sont comme avant, sauf qu’ils savent que ça a été un drame. Mais ils sont heureux d’être rescapés et non plus coupables ou bloqués.
EY : Où peut-on pratiquer la yogathérapie en France ?
LC : Sur le site de l’institut de yogathérapie, un annuaire répertorie les yogathérapeutes.