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Lifestyle & Spiritualité

Un métier n’est pas là pour nous emprisonner mais pour nous rendre libre !

Le titre de cet article, je l’emprunte à Daniel, un boulanger breton que j’ai rencontré sur la route. C’est un sacré personnage ! Passionné de boulangerie depuis tout petit, il est devenu ouvrier très jeune. A 21 ans, il a tout abandonné. Quelques années plus tard, il est revenu à son métier passion, mais en le réinventant totalement.

Daniel a réinventé son métier pour se libérer

Voici donc 30 ans qu’il ne travaille que deux jours par semaine. Il peut se le permettre, premièrement parce qu’il fait du pain au levain et que son pain se garde très bien, mais également car il a décidé de laisser sa caisse en libre accès. Les clients viennent dans le fournil, ils se servent, ils payent eux-même sans aucun contrôle extérieur avant de repartir. Et ça marche !

Et comme vendre le pain, c’est le même temps de travail que de le fabriquer, Daniel gagne ainsi deux jours par semaine de liberté.

“J’ai connu le goulag de la boulange, et c’est tant mieux. Ça m’a permis de rencontrer ce que je cherchais dans la vie : la liberté.”

Cette liberté, Daniel en profite pour réaliser toutes ces autres passions : il a un grand jardin de 2000m2 avec des animaux, un potager qui le fournit en légumes toute l’année, il sauvegarde des variétés de blés anciens avec l’association Kokopelli, mais il fait aussi de la musique et il écrit des livres sur les thèmes qui le passionnent !

Trouver une astuce pour ne travailler que le temps nécessaire, à un travail qui a du sens, explorer les multiples facettes et intérêts que l’on a au fond de soi. Tout cela nous a beaucoup inspiré.

Une série documentaire mais surtout une quête personnelle

Et Daniel n’est pas le seul à nous avoir fait réfléchir sur le sens de notre existence et de nos activités quotidiennes. Il fait partie de ces milliers de rencontres que nous avons faites, avec Benoit, à bord de notre camion bleu. Nous sommes partis en 2013 à la rencontre de ceux qui agissent ici et maintenant pour un monde plus solidaire. Plus qu’un projet de série documentaire, c’était une quête personnelle. Nous souhaitions répondre à cette question : « Comment mettre ma vie en accord avec mes valeurs tout en exerçant mes passions ? »

De nombreuses pistes sont venues petit à petit. La première rencontre qui a donné beaucoup de fil à retordre au cerveau, c’est celle que nous avons faite avec Elf Pavlik qui, depuis plus de 3 ans, n’avait pas dépensé un centime ! Il avait pris cette décision pour retrouver le sens des relations interpersonnelles, en argumentant que l’argent nous fait oublier que, quand nous achetons quelque chose, nous avons des humains en face de nous. Il nous a permis de prendre conscience que nous sommes tous dépendants les uns des autres pour nous loger, nous nourrir, nous habiller : tout ce que nous portons a été fabriqué par d’autres. L’indépendance et l’autonomie acquises via l’argent sont des mythes.

Fonctionner grâce à la société du partage

Il nous a conforté dans l’idée de lancer SideWays sur un pari  un peu fou : fonctionner uniquement grâce à l’économie du don. Nous réalisons nos épisodes et nous les diffusons librement sur internet, sous licence Creative Commons. Ils peuvent être réutilisés par tout le monde, être projetés dans des cinémas, des festivals, dans les salles de classe, etc. sans nécessité de rémunération directe. Nous travaillons donc bénévolement pour le bien commun et, parallèlement, , tous ceux qui souhaitent soutenir la démarche, qui aiment ce que l’on fait, qui veulent que nous continuions à partager des histoires inspirantes peuvent nous aider à le faire. Ils peuvent bien évidemment nous donner de l’agent – via le financement participatif sur internet, mais nous soutenir aussi de mille autres manières : en relisant les épisodes avant publication pour qu’on les améliore avant la sortie, en nous aidant à traduire les épisodes, en faisant des sous-titres, en « invitant le camion chez eux» pour nous inviter à manger ou faire une lessive, en nous donnant ce qu’ils produisent, etc. Tous types de partage sont envisageable.

Les retours ont été géniaux ! On nous a formé à l’étalonnage et au mixage son pour améliorer le rendu final des épisodes, une personne nous aidait pour l’administratif, une autre pour les questions de bug informatique. D’autres réalisateurs et une illustratrice nous ont accompagnés lors des tournages, on nous a offert des paniers de légumes ou d’épicerie pleins à craquer, mais aussi des massages, une formation en permaculture, des carrés au crochet de toutes les couleurs pour décorer le camion, des conseils mécanique et tant d’autres choses encore.

Et, contrairement à un don monétaire, tous ces partages nous ont permis de passer des moments d’échanges extrêmement riches et nous ont permis de rencontrer nombre de personnes qui sont aujourd’hui des amies.

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La vie nomade, le coeur de SideWays

Tout cela pouvait également se faire car nous étions nomades. Nous avions embarqués en camion aménagé au début du projet. Benoit est un grand voyageur. Il avait déjà vécu 3 ans en Asie à voyager en stop et en vivant ans des petits villages. Il rêvait de partir en camion depuis longtemps déjà. Mais il était retenu par l’idée de devoir avoir un travail « reconnu » à Paris. Pour moi, l’histoire était un peu similaire : après avoir travaillé dans une grande entreprise parisienne, j’avais décidé de prendre le large et de faire de ma passion un métier. Nous nous sommes rencontré et, à peine quelques semaines plus tard, nous prenions la route ensemble dans notre camion bleu fraîchement acheté.

J’ai découvert le nomadisme et ses caractéristiques. Cela me correspondait totalement ! Vivre avec peu, mais tout le nécessaire. Prendre le temps de vivre selon son rythme propre, le rythme de son corps et non pas celui fixé par la société et les normes. Passer son temps dans des coins de nature magnifiques. Aller à la rencontre de tous, partout où nos roues nous mènent. Tout cela contribuait à me sentir bien, à rayonner et cela avait forcément un impact considérable sur notre travail qui était à la fois notre passion et notre vie.

Les projections itinérantes, moments de partages particulièrement forts

Très vite, nous avons eu envie de profiter de ce nomadisme pour partager nos épisodes avec ceux que nous rencontrions. Nous avons organisé nombre de projection en plein air, dans des cafés ou même directement chez les habitants qui invitaient leurs voisins pour une soirée improvisée. Tout ce flux de rencontres et de dons, accompagnés de la diffusion sur internet, nous a permis de recevoir de très nombreuses invitations, partout en France, pour présenter les épisodes. Nous aimons alterner projection de film et discussions afin de laisser du temps à la parole et à l’expression de chacun. Ces moments sont toujours très différents les uns des autres, en fonction des personnes présentes, de notre manière d’être du moment, des épisodes que l’on présente et des sujets d’actualité. Ils permettent de voir qu’un autre monde est possible. Les participants nous parlent des initiatives locales que nous allons découvrir les jours suivants, découvrant parfois les sujets de nos prochains épisodes.

Le fil des épisodes suit l’évolution de nos questionnements sur le monde

J’ai remarqué que l’on peut observer l’évolution de nos questionnement à travers nos films. Les premiers sont beaucoup plus terre à terre : ils permettent de répondre aux questions les plus pressantes et les plus concrètes d’une vie « alternative » : les alternatives à l’argent, la question de l’énergie, de l’habitat, de la nourriture. Par la suite, on arrive sur des questions plus philosophiques : comment trouver du sens à sa vie, à son travail, à son action quotidienne. Et à la fin, ce sont des exemples de personnes qui ont réfléchit à toutes ces questions pendant de nombreuses années et qui ont adapté leurs vies à leurs exigences de bien-être personnel et collectif en lien avec le vivant.

Au final, SideWays m’a aussi permis de faire ce parcours, qui est pourtant loin d’être terminé. Moi qui n’avait jamais bricolé et qui ne savait pas faire les niveaux de ma voiture, j’ai appris au fur et à mesure à travailler le bois et à entretenir mon camion : changer un cardan, un alternateur ou faire une vidange. Au bout de 3 ans de vie nomade, nous avons acheté un terrain pour planter des fruitiers. Sans quitter la vie nomade, j’avais besoin de savoir que j’avais une sécurité quelque part. Nous avons construit une cabane et planté de nombreuses plantes pérennes pour construire au fur et à mesure des années un lieu où l’on peut se nourrir de ce qui nous entoure.

La liberté apportée par l’ensemble du projet m’a permise, peu à peu et au fil des expériences, de m’affranchir de nombreuses peurs, de prendre confiance en moi, en ma capacité à gérer des situations nouvelles, en ma capacité d’apprendre à faire des choses de mes mains, à avoir confiance en la bienveillance humaine.

Oser franchir le pas

Toute cette expérience, c’est un cheminement. Et ce cheminement, nous avons pu l’entreprendre car nous avons décidé, à un moment, d’oser sortir de notre confort. Ce n’est pas facile. Je pense que ce qui a grandement facilité les choses, c’est que Benoit et moi étions tout deux en période de transition. Nous étions conscients que la vie parisienne ne nous convenait pas. Nous avons besoin de voir autre chose. Mais comment faire ? Nous n’avions pas de réponse à cette question. Nous avons fait un pari. Faire cette série documentaire basée sur l’économie du don. Cela aurait pu ne pas fonctionner. Rien ne nous disait que cela aller marcher. Nous avons eu un brin de folie. Enfin… Au pire, ça ne marche pas, et on retourne d’où l’on vient, non ? Ni l’un, ni l’autre, nous n’avions jamais vécu avec beaucoup d’argent. Nous avions déjà fait nombre de petits boulots pour gérer la vie quotidienne. Nous n’avions ni emprunt, ni personne à charge. Nous étions libres. Et nous en avons profité pour étendre cette liberté. Merci à toutes les rencontres que nous avons faites sur la route et à tous les soutiens qui nous permettent, aujourd’hui, d’être plus libres que jamais !

Nous partageons les rencontres les plus fortes que nous avons faites sur la route à travers nos épisodes, disponibles en vidéo sur internet mais également dans un livre qui reprend l’intégralité de la série, publié aux éditions Ulmer. Pour vous procurer le livre c’est ici

Avec la précieuse contribution de Esprit Yoga

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