A l’approche des élections présidentielles, nous nous sommes demandé jusqu’à quel point le yoga peut avoir une influence sur notre conscience politique et citoyenne.
Le Yoga est porteur de valeurs de non-violence (ahimsa), de vérité (satya) et de connexion que l’on explore sur le tapis et qui nous ouvrent à une forme d’humanisme. “Dans la mesure où le yoga approfondit nos capacités d’empathie et d’altruisme en nous décentrant de notre égo, il contribue à faire ne nous de meilleurs citoyens“, indique Blandine Soulage, enseignante de yoga vinyasa à Lyon. “Le yoga peut influencer notre représentation du monde, notre relation à l’autre, nos choix éthiques, jusqu’au vote. C’est éminemment politique” renchérit Madani Cheurfa politologue au Cevipof (Centre de recherches politiques de Science Po).
La pratique du Yoga influence nos choix
De quelle manière le yoga a-t-il une influence sur notre engagement ? Enseignante à Hossegor, Caroline Béliard observe que “le yoga aide à revenir aux valeurs de la terre, de l’entraide“. “Pratiquer mène forcément vers une conscience écologique“, pense Isabelle Daverat-Pettinéo, fondatrice du centre Ysânanda Yoga à Bordeaux. Pour elle, “on ne peut pas se purifier le corps et l’esprit tout en vivant en automate vis-à-vis de la nature“. “Nos choix en matière de nourriture sont eux aussi des choix politiques“, reconnaît Philippe Djoharikian de l’association Le champignon bleu. Et de poursuivre : “Je ne voulais pas que mon argent spécule sur la déforestation, la spoliation des femmes et des enfants ou la torture des animaux. A ma demande, mon banquier a trouvé des comptes durables et éthiquement propres“.
Aller vers une vision collective
Eugenia Carrara, jeune énarque et conseillère d’Anne Hidalgo à la Mairie de Paris, qui pratique le yoga depuis dix ans explique : “Mon devoir de yogini est d’être au cœur du système pour permettre l’épanouissement des individus. L’amour et l’union avec le Tout sont mon éthique de vie que j’applique dans mes actions professionnelles“. Cela se traduit par des actions concrètes d’aide aux projets économiques innovants comme La Louve, ce supermarché coopératif parisien. Ou encore, la plateforme Les Testeurs, qui permet aux projets sélectionnés de bénéficier de loyers dérisoires pour lancer leur activité. C’est le cas de Tale Me, magasin de location de vêtements de grossesse dessinés par des créateurs et fabriqués de façon éthique qui ouvrira bientôt à Paris.
Le “Vote yoga”
En France, deux millions de pratiquants peuvent faire entendre leur voix yogique pendant les élections. “Je vote, mais dans le panel des présidentiables, les yogis sont peu représentés !“, regrette Philippe Djoharikian. Quand elle va voter, Mélanie Logerot, enseignante d’AcroYoga à Paris se demande “si ma voix va pour soutenir ou contre. J’éprouve encore de la difficulté à ressentir mon vote comme utile. J’y vais avec ce sentiment de ne pas donner ma voix au silence, mais la perspective politique m’inspire très peu“. Benoît Le Gourriérec, professeur de Vinyasa à Paris a toujours voté : “Je me sens concerné par la politique parce que l’histoire nous montre que rien n’est acquis de manière définitive”.
Retrouvez l’intégralité de notre article sur le yoga et la politique dans Esprit Yoga n°35.
Avec la précieuse contribution de Julien Levy